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#676 Devrions-nous ressusciter la théorie du complot ?

April 20, 2020
Q

Cher Dr Craig,

Je suis un grand fan de votre travail, et ce depuis plusieurs années. Je vous serai toujours très reconnaissant pour tout ce que vous faites.

Pendant une dizaine d'années, j'ai été convaincu que Jésus était ressuscité d'entre les morts, et que sa résurrection n'était pas truquée. J'ai considéré sa résurrection comme une preuve irréfutable que Dieu existe bel et bien réellement, car seul Dieu pourrait ordonner une résurrection d'entre les morts.  J'ai récemment acheté et lu le livre du professeur John Lennox, "Gunning for God", et je l'ai beaucoup apprécié. Quelque chose de particulier s'est produit pendant que je lisais la section sur la résurrection de Jésus : Il évoquait la théorie selon laquelle les disciples auraient pu extirper le corps du tombeau. Auparavant, j'avais conclu comme vous que cette théorie était assez improbable, parce que les disciples ont été torturés et crucifiés par la suite, et je pensais qu'il serait très improbable que des disciples sachant que la résurrection était un mensonge défendent ce mensonge, jusqu'à la torture et la crucifixion. Il m'a toujours semblé que, s'il s'agissait d'un mensonge, ils auraient admis que c'était un mensonge, afin d'éviter la torture et la mort par crucifixion.

Cependant, dans cette section du livre du professeur Lennox, il souligne le fait que le pillage de tombe était un délit capital à Jérusalem à cette époque - ce que je ne savais pas jusqu'à ce que je le lise dans son livre. Cette découverte a totalement changé la donne pour moi, en ce qui concerne la question de la résurrection de Jésus. Maintenant, il me semblait qu'il était tout à fait possible que les disciples aient enlevé le corps du tombeau, et qu'ils aient inventé la résurrection comme moyen de maquiller leur crime de pillage de tombe. A présent, il me semble que la motivation pour défendre un mensonge sur la résurrection est très forte - de leur point de vue, il me semble qu'ils ont pu penser que défendre ce mensonge pouvait les empêcher d'être crucifiés (pour le délit de pillage de tombe), alors qu'auparavant, je pensais seulement que défendre ce mensonge pouvait les amener à être crucifiés. Le fait de savoir que le pillage de tombe était un délit capital à cette époque et dans cette région m'a fait perdre ma principale raison de croire aux témoignages de résurrection des disciples ! Éviter la crucifixion serait un motif très sérieux pour affirmer un mensonge - même s'ils savaient qu'il s'agissait d'un mensonge. En fait, il me semble maintenant très probable que les disciples aient pu enlever le corps du tombeau, puis inventer l'idée que Jésus était ressuscité, afin de masquer leur crime et éviter ainsi la crucifixion. S'il s'agissait d'un mensonge, cela aurait pu commencer par des motivations très sérieuses, comme un moyen pour des hommes effrayés d'éviter une mort horrible et tortueuse ; et puis, le mensonge aurait pu se propager pour un certain nombre d'autres raisons : des personnes qui étaient amis avec les disciples auraient pu répéter le même mensonge afin d'empêcher la crucifixion de leurs amis, par exemple. Une fois que la rumeur a commencé à se répandre, le désir de se sentir membre du groupe spécifique qui aurait vu Jésus ressuscité a pu être une motivation supplémentaire pour d'autres à se joindre au mensonge.

Ma question est la suivante : Ne pensez-vous pas que le fait que le pillage d'une tombe soit un délit capital - et que donc si les autorités romaines avaient découvert qu'ils avaient pillé la tombe, ils auraient été crucifiées - constitue une motivation suffisante pour que les disciples inventent un mensonge selon lequel Jésus aurait ressuscité d'entre les morts (s'ils avaient effectivement pillé le tombeau, bien entendu) ? Cette hypothétique tournure des événements me semble beaucoup plus probable qu'une véritable résurrection, et je me demande comment vous pouvez concilier tout cela avec le fait que le pillage de tombe était un délit capital. Veuillez pardonner mon ignorance, et veuillez pardonner toute offense de ma part à cet égard ; je ne veux pas être offensant, mais plutôt, j'aimerais vraiment comprendre votre point de vue sur tout cela, et s'il y a quelque chose qui m'a échappé, j'aimerais vraiment savoir comment la résurrection en tant que véritable événement historique peut être défendu rationnellement malgré tout, comme je le considérais auparavant. Merci beaucoup pour votre temps.

Cordialement,

Purusha

 États-Unis

United States

Dr. Craig

Dr. craig’s response


A

Purusha, j'ai le cœur serré chaque fois que je reçois une lettre comme celle-ci. Bien que vous disiez très gentiment que vous admirez mon travail depuis des années, vous révélez néanmoins - comment pourrais-je le dire autrement ? - que vous ne comprenez pas vraiment les arguments historiques en faveur de la résurrection de Jésus. Voulez-vous sérieusement suggérer que les premiers disciples ont volé le corps de Jésus dans le tombeau et ont ensuite menti à propos des apparitions de la résurrection ? Ne réalisez-vous pas que cette vieille théorie du complot, qui a été proposée par les déistes aux 17-18e siècles, est morte depuis plus de 200 ans, et qu'aucun spécialiste contemporain ne défendrait un tel point de vue ? Avant même de répondre à votre question spécifique, puis-je au moins vous demander de vous installer confortablement et de vous demander : "Pourquoi tout le monde rejette cette théorie, alors qu'elle me semble si convaincante ? Quelle est la probabilité que tous les historiens aient tort et que je sois le seul à avoir raison ? Où est ce que se trouve la coquille ?"

Votre incompréhension des arguments historiques en faveur de la résurrection de Jésus est évidente dans le fait que vous semblez penser qu'il y a une seule et unique objection à la théorie du complot, à savoir l'improbabilité de la volonté des disciples de mourir pour un mensonge qu'ils avaient inventé. Si cette objection venait à être contredite, alors vous semblez penser que la théorie du complot serait acceptable, sans le moindre problème. Mais même si je pense que cette objection révèle effectivement une lacune de la théorie du complot, cette théorie fait face à des objections bien plus nombreuses et, je dirais, plus puissantes que celle-ci.

Il y a trois faits qu'une hypothèse pour être pertinente doit pouvoir expliquer : Le tombeau vide de Jésus, ses apparitions post-mortem, et l'origine de la croyance des disciples en la résurrection de Jésus. Je vais reproduire pour vous ici mon évaluation de la théorie du complot pour expliquer ces faits tirés de mon livre On Guard, ce qui expliquera  pourquoi cette théorie est unanimement rejetée par les spécialistes contemporains.

***

Explication des preuves

Les historiens examinent différents facteurs pour évaluer des hypothèses concurrentes. Parmi les plus importantes, on peut citer les suivantes :[1]

1. La meilleure explication aura une portée explicative plus grande que les autres explications. Autrement dit, elle permettra de fournir une explication à davantage de preuves.

2. La meilleure explication aura un pouvoir explicatif plus grand que les autres explications. Autrement dit, elle rendra les preuves plus probables.

3. La meilleure explication sera plus plausible que les autres explications. Autrement dit, elle aura une meilleure compatibilité aux croyances contextuelles.

4. La meilleure explication sera moins ad hoc que les autres explications. Autrement dit, elle ne nécessitera pas l'adoption de nombreuses nouvelles croyances ne reposant sur aucune preuve indépendante.

5. La meilleure explication sera invalidée par un plus petit nombre de croyances acceptées que les autres explications. Autrement dit, elle n'entrera pas en conflit avec un grand nombre de croyances acceptées.

6. La meilleure explication remplira les conditions (1)-(5) tellement mieux que les autres qu'il y a peu de chances qu'une des autres explications, après un examen plus approfondi, remplisse mieux ces conditions.

Puisqu'une hypothèse peut très bien répondre à certaines conditions mais moins bien à d'autres, déterminer quelle hypothèse est la meilleure explication peut souvent être difficile et cela exige un savoir-faire. Mais si la portée et la puissance explicative d'une hypothèse sont très élevées, de sorte qu'elle explique beaucoup mieux une grande variété de faits, alors c'est probablement la bonne explication.

Appliquons donc ces tests aux hypothèses typiques qui ont été proposées tout au long de l'histoire pour expliquer le tombeau vide, les apparitions post-mortem et l'origine de la croyance des disciples en la résurrection de Jésus, et voyons si elles réussissent mieux ou aussi bien à expliquer ces faits que l'hypothèse de la résurrection.

 

Hypothèse du complot

Selon cette hypothèse, les disciples ont dérobé le corps de Jésus et ont menti sur ses apparences, feignant ainsi la résurrection. C'était la toute première contre-explication du tombeau vide, comme nous l'avons vu, et elle a été reprise au cours du XVIIIe siècle par les déistes européens. Aujourd'hui, cependant, cette explication a été complètement abandonnée par le monde universitaire moderne.  Nous pouvons comprendre pourquoi lorsque nous l'évaluons selon les critères standards de vérification des hypothèses historiques.

1. Portée explicative.  L'hypothèse du complot semble couvrir toute la portée des preuves, car elle offre des explications sur le tombeau vide (les disciples ont dérobé le corps), les apparitions post-mortem (les disciples ont menti en disant avoir vu Jésus) et l'origine de la croyance (supposée) des disciples en la résurrection de Jésus (là encore, ils ont menti).

2. Pouvoir explicatif. Quelle est la probabilité des preuves, au regard de l'hypothèse du complot ?  C'est à ce moment là que des doutes commencent à se manifester concernant la pertinence de l'hypothèse.

Tout d'abord, examinons l'histoire du tombeau vide.  Si les disciples ont dérobé le corps de Jésus, il aurait été tout à fait inutile d'inventer une histoire où des femmes trouveraient le tombeau vide.  Une telle histoire ne serait pas le genre de fable que les Juifs inventeraient.  De plus, la simplicité de ce récit n'est pas celle à laquelle on pourrait s'attendre, au regard de l'hypothèse du complot - où sont les citations des Écritures, la preuve de la prophétie accomplie ?  Pourquoi Jésus n'est-il pas dépeint comme surgissant du tombeau, comme dans les faux documents ultérieurs comme l'Évangile de Pierre ?  La discorde avec les Juifs non croyants n'est pas bien expliquée non plus.  Pourquoi la garde dans Matthieu n'est-elle pas déjà là dans le récit de Marc ?  Mais même dans le récit de Matthieu, la garde est établie trop tard : le corps aurait déjà pu être volé avant que la garde n'arrive le samedi matin, de sorte qu'ils gardaient, à leur insu, une tombe vide !  Pour un alibi infaillible contre le vol du corps, revoyez le faux évangile de Pierre, où la garde est placée immédiatement après l'inhumation du corps.

Quant aux récits des apparitions, des problèmes similaires se posent.  Un faussaire décrirait probablement les apparitions de la résurrection de Jésus en se référant aux théophanies de Dieu dans l'Ancien Testament et aux descriptions eschatologiques de la résurrection (comme dans Daniel 12.2).  Dans ce cas, Jésus aurait dû apparaître aux disciples dans une gloire éblouissante.  Et pourquoi n'existe-t-il pas une description de la résurrection elle-même ?  Pourquoi n'y-a-t-il aucune apparition à Caïphe le grand prêtre ou aux méchants du Sanhédrin, comme l'avait prédit Jésus ?  Ils auraient pu alors être qualifiés de véritables menteurs lorsqu'ils contestent que Jésus leur soit apparu !

Mais le pouvoir explicatif de l'hypothèse du complot est sans doute le plus faible en ce qui concerne l'origine de la croyance des disciples en la résurrection de Jésus.  Car l'hypothèse est en réalité un déni de ce fait ; elle cherche à expliquer la croyance des disciples comme un faux-semblant.  Mais comme les critiques l'ont unanimement reconnu, on ne peut pas nier de façon plausible que les premiers disciples ont au moins cru sincèrement que Jésus était ressuscité des morts. C'est sur cette conviction qu'ils ont mis leur vie en jeu.  La transformation opérée dans la vie des disciples n'est pas expliquée de manière crédible par l'hypothèse d'un complot.  Cette seule lacune a été suffisante dans l'esprit de la plupart des chercheurs pour faire disparaître à jamais cette vieille hypothèse du complot.

3. Plausibilité.  Le véritable talon d'Achille de l'hypothèse du complot est cependant son invraisemblance.  On pourrait mentionner ici les objections à l'incroyable complexité d'une telle conspiration ou l'état psychologique supposé des disciples ; mais le problème principal qui éclipse tous les autres est qu'il est totalement anachronique de supposer que les Juifs du premier siècle avaient l'intention de feindre la résurrection de Jésus.  L'hypothèse du complot regarde la situation des disciples à travers le rétroviseur de l'histoire chrétienne plutôt qu'à travers les yeux d'un juif du premier siècle.

En premier lieu, il n'y avait aucune attente dans le judaïsme d'un Messie qui, au lieu d'établir le règne de David et de vaincre les ennemis d'Israël, serait honteusement exécuté par les Gentils comme un criminel.  De plus, l'idée juive de la résurrection était tout simplement déconnectée de l'idée du Messie et même incompatible avec elle, puisque le Messie n'était pas censé être tué.  Comme le dit si bien N. T. Wright, si vous êtes un Juif du premier siècle et que votre Messie préféré s'est fait crucifier, alors vous avez essentiellement deux choix : soit vous rentrez chez vous, soit vous vous trouvez un nouveau Messie.

Deuxièmement, la conception juive de la résurrection des morts différait de la résurrection de Jésus sur au moins deux points fondamentaux.

 Premièrement, dans la pensée juive, la résurrection vers la gloire et l'immortalité a toujours eu lieu après la fin des temps.  Les Juifs ne pouvaient pas imaginer une résurrection dans notre histoire actuelle. C'est pourquoi, je pense, les disciples ont eu tant de mal à comprendre les prédictions de Jésus concernant sa propre résurrection. Ils pensaient qu'il parlait de la résurrection à la fin des temps. Regardons à Marc 9: 9-11, par exemple.

 Comme ils descendaient de la montagne, Jésus leur recommanda de ne dire à personne ce qu'ils avaient vu, jusqu'à ce que le Fils de l'homme fût ressuscité des morts. Ils retinrent cette parole, se demandant entre eux ce que c'est que ressusciter des morts. Les disciples lui firent cette question : Pourquoi les scribes disent-ils qu'il faut qu'Élie vienne premièrement ?

Ici, Jésus prédit sa résurrection, et que demandent les disciples ? "Pourquoi les scribes disent-ils qu'il faut qu'Élie vienne premièrement ?" Dans le judaïsme du premier siècle, on croyait que le prophète Élie reviendrait avant le grand et terrible jour du Seigneur, le jour du jugement où les morts seraient ressuscités. Les disciples ne pouvaient pas comprendre l'idée d'une résurrection au sein de l'histoire avant la fin des temps. Les prédictions de Jésus n'ont donc fait que les embrouiller.

Ainsi, étant donné la conception juive de la résurrection, les disciples après la crucifixion de Jésus n'auraient pas eu l'idée étrange qu'il allait déjà ressuscité. Selon toute probabilité, ils auraient attendu la résurrection au jour dernier et, conformément à la coutume juive, auraient peut-être conservé son tombeau comme un sanctuaire où ses os pourraient reposer jusqu'à la résurrection.

Deuxièmement, dans la pensée juive, la résurrection a toujours été la résurrection de tous les morts justes.  Les Juifs n'étaient pas du tout familier avec l'idée de la résurrection d'une personne unique indépendamment de la résurrection générale. De plus, il n'y avait tout simplement aucun lien entre la résurrection individuelle de chaque croyant et la résurrection antérieure du Messie.  C'est pourquoi nous ne trouvons aucun exemple d'autres mouvements messianiques ayant échoué affirmant que leur leader a été exécuté puis a été ressuscité des morts.  Wright a souligné ce point avec insistance. "Tous les partisans de ces mouvements messianiques du premier siècle étaient engagés avec ferveur dans la cause. . . . Mais en aucun cas à travers le siècle avant Jésus et le siècle après lui, nous n'entendons parler d'un quelconque groupe juif affirmant que leur leader exécuté avait été ressuscité des morts, et qu'il était vraiment le Messie malgré tout" [2].

Les Juifs du premier siècle n'étaient pas du tout familier de l'idée de la résurrection d'une personne unique, et encore plus particulièrement du Messie, avant la résurrection générale à la fin des temps.  L'idée de dérober le corps de Jésus et de dire que Dieu l'avait ressuscité des morts n'est donc guère celle qui serait entrée dans l'esprit de ces disciples juifs de Jésus, ni qui leur semblerait une stratégie crédible pour évangéliser leurs compatriotes juifs !

 Mais qu'en est-il des influences extérieures au judaïsme ?  Une hypothèse largement répandue sur Internet aujourd'hui est que les premiers chrétiens ont eu l'idée de la résurrection de Jésus sous l'influence de la mythologie païenne.  Cette hypothèse n'est pas nouvelle.  Au tournant du XIXe  et du XXe  siècle, les chercheurs en religion comparée ont établi des parallèles entre les croyances chrétiennes et celles d'autres mouvements religieux, et certains en sont venus à penser que les croyances chrétiennes, dont celle de la résurrection de Jésus, étaient le résultat de l'influence de ces mythes. Le mouvement s'est cependant rapidement effondré, principalement en raison de deux facteurs :

Premièrement, les chercheurs ont réalisé que les parallèles étaient faux.  Le monde antique était une corne d'abondance de mythes de divers dieux et héros.  Les études comparatives en matière de religion exigent une réelle délicatesse quant à leurs similitudes et à leurs différences, sinon il en résulte inévitablement des distorsions et des confusions.  Malheureusement, ceux qui étaient désireux de trouver des parallèles avec la résurrection de Jésus n'ont pas fait preuve d'une telle délicatesse.

Beaucoup de prétendus parallèles sont en fait des histoires d'assomption de héros dans le ciel (Hercule, Romulus).  D'autres sont des histoires de disparition par la mort, qui prétendent que le héros a été retiré dans une sphère plus élevée (Apollonius de Tyane, Empédocle).  D'autres encore sont des symboles du cycle saisonnier des cultures, car la végétation meurt pendant la saison sèche et reprend vie pendant la saison des pluies (Tammuz, Osiris, Adonis). Certains sont des expressions politiques du culte de l'empereur (Jules César, César Auguste).

Rien de tout cela n'est comparable à l'idée juive de la résurrection des morts.  En fait, la plupart des spécialistes en sont venus à douter qu'il y ait réellement à proprement parler des mythes concernant la mort et la résurrection des dieux. Par exemple, dans le mythe d'Osiris, qui était l'un des mythes symbolisant le cycle saisonnier le plus connus, Osiris ne revient pas vraiment à la vie mais continue simplement à exister dans le royaume inférieur des morts.

Les chercheurs ont réalisé que la mythologie païenne est tout simplement un mauvais cadre d'interprétation pour comprendre Jésus de Nazareth. Jésus et ses disciples étaient des juifs palestiniens du premier siècle, et c'est dans ce contexte qu'ils doivent être considérés.  La faillite des prétendus parallèles n'est qu'une indication que la mythologie païenne est le mauvais contexte d'interprétation pour comprendre la croyance des disciples en la résurrection de Jésus.

Deuxièmement, il n'y a en aucun cas de lien de causalité entre les mythes païens et l'origine de la croyance des disciples en la résurrection de Jésus.  Les Juifs connaissaient les divinités païennes des saisons (Ez 37.1-14) et les trouvaient odieuses.  C'est pourquoi il n'y a aucune trace de cultes de dieux mourants et ressuscitants dans l'Israël du premier siècle.  Il est très peu probable que les premiers disciples soient venus avec l'idée que Jésus de Nazareth était ressuscité d'entre les morts parce qu'ils avaient entendu des mythes païens sur la mort et la résurrection des dieux des saisons. Les chercheurs ont donc unanimement renoncé à cette approche.  Les sceptiques du net ont plus de 100 ans de retard.

Notons que cette critique sape non seulement les théories du complot, qui supposent que les disciples ont proclamé sans sincérité la résurrection de Jésus, mais aussi toute théorie qui suggère que, sur la base des influences païennes ou juives, ils ont sincèrement cru et prêché sa résurrection.

4. Moins ad hoc.  Comme toutes les théories du complot dans l'histoire, l'hypothèse du complot est conçue en supposant que ce que toutes les preuves semblent indiquer n'est, en fait, qu'une simple apparence, laquelle est expliquée par des hypothèses pour lesquelles il n'y a pas de preuves.  Plus précisément, elle postule des motivations et des pensées dans l'esprit des premiers disciples ainsi que des actions pour lesquelles il n'existe pas la moindre preuve.  Cela peut devenir encore plus ad hoc, du fait que les hypothèses doivent être multipliées pour traiter les objections à la théorie, par exemple, comment expliquer l'apparition aux 500 frères ou le rôle des femmes dans le tombeau vide et les histoires liées aux apparitions.

5. Invalidée par un plus petit nombre de croyances acceptées.  L'hypothèse du complot a tendance à être invalidée par notre connaissance générale des complots, leur instabilité et leur tendance à se défaire.  De plus, elle est invalidée par des croyances acceptées telles que la sincérité des disciples, la nature des attentes messianiques juives du premier siècle, etc.

6. Dépasse les autres hypothèses pour remplir les conditions (1)-(5).  Cette condition n'est évidemment pas remplie, car il existe de meilleures hypothèses (telles que l'hypothèse de l'hallucination), qui n'écartent pas la croyance des disciples en la résurrection de Jésus pour en faire un mensonge flagrant.

Aucun chercheur ne défendrait aujourd'hui l'hypothèse du complot. Le seul endroit où l'on peut lire de telles choses est dans la presse sensationnaliste ou sur internet.

***

Purusha, considérons maintenant votre réponse à la lumière de cette critique. Votre position est basée sur la célèbre inscription de Nazareth, qui déclare que la profanation de tombe est un délit capital. (Pour un article pertinent sur cette inscription, voir https://en.wikipedia.org/wiki/Nazareth_Inscription). Comme vous le verrez à la lecture de l'inscription, celle-ci ne prescrit pas, comme vous le prétendez, la crucifixion comme peine pour la profanation d'un tombeau. Elle en fait simplement un crime capital.

En quoi votre position est-elle donc pertinente par rapport à ma critique de la théorie du complot ? Vous pourriez prétendre que votre réponse affaiblit ma critique du pouvoir explicatif de l'hypothèse du complot par rapport à l'origine de la croyance des disciples en la résurrection de Jésus parce que les disciples, ayant déjà dérobé le corps de Jésus, auraient de bonnes raisons de mentir à ce sujet, de peur d'être exécutés.  Mais ce serait mal comprendre la critique. Mon propos est qu'"on ne peut pas nier de façon plausible que les premiers disciples ont au moins cru sincèrement que Jésus était ressuscité des morts". Aucune personne qui lit les pages du Nouveau Testament sans préjugés ne peut nier que ces personnes ont réellement cru à la vérité de ce qu'elles ont proclamé. La question n'est pas : auraient-ils menti s'ils avaient dérobé le corps ? La question est, ont-ils menti ? Ont-ils sincèrement cru à ce qu'ils ont proclamé ? Les spécialistes de tous bords reconnaissent la sincérité évidente des premiers apôtres lorsqu'ils se sont transformés en audacieux proclamateurs de la résurrection de Jésus.

Vous vous posez juste la mauvaise question, Purusha. Si L = "Les disciples étaient des menteurs" et BS = "Les disciples étaient des voleurs de corps", vous vous interrogez sur la probabilité conditionnelle Pr (L | BS) plutôt que sur la probabilité Pr (L). La première pourrait être élevée même si la seconde est faible. Pour illustrer cela : la probabilité que je porte trois chaussures étant donné que j'ai trois jambes et trois pieds peut être assez élevée, mais la probabilité que j'ai trois jambes et trois pieds est absurdement faible ! Vous êtes induit en erreur parce que votre évaluation de la probabilité de L est conditionnée par BS.

De plus, si vous considérez la dérisoire théorie du complot comme "beaucoup plus probable qu'une véritable résurrection", c'est en partie parce que vous avez pris sa [Jésus] "résurrection comme une preuve irréfutable que Dieu existe bel et bien réellement". Contrairement aux défenseurs classiques de la résurrection de Jésus, qui ont d'abord établi l'existence de Dieu par le biais des arguments de la théologie naturelle, vous comptiez entièrement sur la résurrection elle-même pour porter toute la charge de la preuve du théisme. Si vous aviez suivi la démarche classique, votre théisme aurait déjà été établi lorsque vous en viendrez à la preuve de la résurrection, de sorte qu'une explication miraculeuse serait beaucoup plus probable que dans le cadre du non-théisme et aussi plus probable que des hypothèses naturalistes fantaisistes comme la théorie du complot.

Enfin, en réponse à votre question (malencontreuse) : ne pensez-vous pas que "le fait que le pillage de tombe soit un délit capital ... constitue une motivation suffisante pour que les disciples inventent un mensonge selon lequel Jésus aurait ressuscité d'entre les morts (s'ils avaient effectivement pillé le tombeau, bien entendu)" ? Absolument pas ! Pourquoi risquer votre vie en proclamant un message pour lequel vous pourriez être persécuté ou tué ? Mieux vaudrait se réfugier en Galilée et garder le silence ! Ou accuser quelqu'un d'autre d'avoir volé le corps, comme les disciples de Jean-Baptiste ! Ou pourquoi ne pas proclamer, conformément aux croyances juives, l'assomption de Jésus au ciel, ce qui n'aurait offensé personne, juif ou gentil ? Mais le point primordial est, pourquoi voler le corps en premier lieu alors que vous saviez qu'un tel acte était un crime capital ? Eh oui !

Donc, le point important est que vous posez la mauvaise question. La bonne question est de savoir si les disciples étaient sincères dans leur croyance et leur proclamation de la résurrection. Sans aucun doute, ils l'étaient.

 


[1] C. Behan McCullagh, Justifying Historical Descriptions (Cambridge: Cambridge University Press, 1984), p. 19.

[2] NT Wright, conférence au Asbury College and Seminary, 1999.

- William Lane Craig